Claudio Abbado : une carrière

Claudio Abbado est né le 26 juin 1933 à Milan. Son père Michelangelo Abbado était violoniste, fondateur d’un orchestre de cordes et professeur au conservatoire. Sa mère, Maria Carmela, née Savagnone, d’origine sicilienne était pianiste et écrivait des livres d’enfants. Il est le troisième de quatre enfants, l’ainé, Marcello, pianiste, fut plus tard directeur du conservatoire de Milan, la cadette, Luciana jouait du violon et travaillait pour les éditions Ricordi, tandis que le dernier Gabriele, qui n’a pas embrassé de carrière musicale est devenu architecte. Claudio prit des leçons de piano privées et jouait de l’orgue le dimanche. À sept ans, ses parents le portèrent à la Scala et, en entendant les nocturnes de Debussy, il décida qu’il deviendrait chef d’orchestre.

Les années 50



Il étudia composition, piano et direction d’orchestre au Conservatoire de Milan, jusqu’en 1955. Parmi ses premières expériences, il joue et dirige avec l’orchestra d’archi di Milano fondé par son père, le violoniste Michelangelo Abbado. C’est de cette époque que remontent ses liens avec la ville de Vienne où il se rend entre 1955 et 1958, après avoir obtenu deux bourses d’Etudes pour suivre les cours de perfectionnement de Hans Swarowski, avec Zubin Mehta, qu’il avait connu au cours animé par Carlo Zecchi à l’Accademia Chigiana de Sienne.
Participant avec Mehta au chœur de la Gesellschaft der Musikfreunde, il peut assister aux répétitions de Bruno Walter, George Szell, Hermann Scherchen, Herbert von Karajan.

En 1958, il est vainqueur du concours Koussevitsky à Tanglewood et à cette occasion il est invité à diriger un orchestre américain, mais décide de revenir en Europe. En 1959 il débute à Trieste (ou il reviendra en 1962 pour « L’Amour des Trois Oranges » de Prokofiev et en 1999 à la tête du Gustav Mahler Jugendorchester).

Les années 60

En 1960, il débute à la Scala (Piccola Scala)
dans un cycle dédié au tricentenaire de la naissance d’Alessandro Scarlatti. Entre 1960 et 1963, il enseigne la musique de chambre au conservatoire de Parme.
Après avoir obtenu en 1963 le Prix Mitropoulos de l’Orchestre Philharmonique de New York, il devient assistant de Leonard Bernstein pendant un an.

Il débute en 1965 au Festival de Salzbourg (il débutera à Vienne deux ans après) à la tête du Philharmonique de Vienne, sur invitation d’Herbert von Karajan, qui lui demande un programme Cherubini, mais il obtient de diriger la Symphonie n°2 de Mahler, avec laquelle il revient en juillet de la même année à la Scala où il venait de créer en première mondiale Atomtod de Giacomo Manzoni.

En Mars 1966, il dirige à la Scala « I Capuleti e Montecchi » de Bellini, dans la mise en scène de Castellani et en octobre 1967 dans une mise en scène de Enriquez l’opéra est porté en tournée à l’EXPO 67 de Montréal, où il avait déjà dirigé en 1963.
C’est le moment où il commence à enregistrer avec la Deutsche Grammophon et avec Decca, commençant une collaboration qui le portera aux éditions complètes des œuvres symphoniques de Beethoven, Brahms, Mendelssohn, Schubert et Ravel.

Il débute l’été 1966 à Lucerne en dirigeant le Schweizer Festspielorchester, et entame aussi une collaboration appelée à se développer de manière de plus en plus étroite avec les années avec le London Symphony Orchestra en le dirigeant deux fois à Edimbourg. Enfin en décembre 1966, il dirige pour la première fois le Philharmonique de Berlin.

Il inaugure la saison 67-68 à la Scala, avec Lucia di Lammermoor, de Donizetti, mise en scène de De Lullo.

68-86 : les années Scala

En janvier 1968, il reprend I Capuleti e Montecchi.
Il devient directeur musical du Teatro alla Scala.

De 1968 à1986, comme directeur musical du Teatro alla Scala, il élargit de manière très importante le répertoire, incluant des classiques du XXème siècle alors rarement exécutés – Wozzeck et Lulu de Berg, The Rake’s Progress et Oedipus Rex de Stravinsky, Moses und Aron et Erwartung de Schönberg, Le mandarin merveilleux de Bartók – à des opéras contemporains comme Le Paradis Perdu de Penderecki, Donnerstag aus Licht, Samstag aus Licht et Montag aus Licht de Stockhausen, La vera storia de Luciano Berio et Al gran sole carico d’amore de Luigi Nono,  œuvres qu’il ne dirige pas toujours lui-même d’ailleurs.

Son attention au XXème siècle contribue à la diffusion du répertoire viennois de Schönberg, Berg, Webern et de la musique post-webernienne jusqu’aux expériences contemporaines .Abbado affronte cependant le répertoire XXème siècle de matrice viennoise ou les œuvres expérimentales de Luigi Nono sans œillères ni idées préconçues, sans négliger donc d’autres aspects importants. En avance de vingt ans environ il contribue en effet à la connaissance d’auteurs comme Prokofiev, Bartók, Strauss, Stravinsky, Scriabine, Hindemith, négligés ou regardés avec méfiance par une certaine avant-garde expérimentale dogmatique ou ignorées du public italien.
D’un autre côté, une nouvelle manière d’aborder les partitions, laissant une grande place à la préparation et à la recherche philologiques (points de départ d’une interprétation libre et approfondie ) lui a permis de relire dans une perspective plus cohérente des pièces du répertoire traditionnel ou de récupérer des pièces d’auteurs dont on ne connaissait et appréciait qu’une partie de la production (qu’on pense par exemple à l’exécution des Symphonies de Schubert d’après les manuscrits originaux ou à la redécouverte du Viaggio a Reims de Rossini).

Mais également dans le répertoire classique et romantique, outre les cycles Beethoven et Brahms, il propose des pièces d’auteurs alors peu exécutés comme Mahler et Bruckner parmi lesquels on compte des premières exécutions à Milan et même en Italie. Tout cela est aussi rendu possible grâce à la présence de chef invités (soit à la tête de l’Orchestre du Teatro alla Scala, soit à la tête d’autres phalanges internationales prestigieuses) tels que Karl Böhm, Herbert von Karajan, Carlos Kleiber, Leonard Bernstein, Seiji Ozawa, Riccardo Muti, Lorin Maazel, Zubin Mehta, Daniel Barenboim, Georg Solti.

Dès 1972, sous son impulsion directe et pour la première fois dans l’histoire de ce théâtre, il ouvre la Scala aux étudiants et travailleurs, avec des propositions et des arrangements pensés précisément pour solliciter une vaste participation populaire.
Le répertoire d’opéra dirigé par Abbado à la Scala couvre un vaste spectre qui comprend, outre les grandes références de la tradition, des chefs d’œuvres négligés d’auteurs plus ou moins connus. Souvent les œuvres sont représentées dans une édition critique, après une reconstitution attentive et pointilleuse de la partition.

L’été 68, il dirige Il barbiere di Siviglia de Rossini dans une mise en scène de Jean-Pierre Ponnelle à Salzbourg, cité à laquelle il restera particulièrement lié par des rendez-vous annuels. Le même été, il présente Don Carlo de Verdi à Covent Garden (c’est le début de Shirley Verrett) qu’il reprend en novembre au Metropolitan de New York et en ouverture de saison à la Scala.
En mars 69 il présente à la Scala Œdipus Rex de Stravinski (avec l’Œdipe Roi de Sophocle et des musiques de Gabrieli) et reprend Lucia di Lammermoor, les deux dans une mise en scène de Giorgio De Lullo.
En 69 commence, à la Scala, le cycle Mahler au cours duquel seront présentées toutes les symphonies.

En décembre, il reprend, toujours à la Scala Il barbiere di Siviglia dans la mise en scène de Ponnelle déjà présentée à Salzbourg.

En avril 1970 il reprend Don Carlo à la Scala.

En 70-71, il collabore et enregistre avec le Boston Symphony Orchestra

En 1971 il devient principal chef invité de l’Orchestre Philharmonique de Vienne et en tant que tel il contribuera à un élargissement notable du répertoire proposé traditionnellement dans la capitale autrichienne. Il effectuera aussi avec cet orchestre de très nombreuses tournées.

À la Scala, en Janvier 1971, il reprend il Barbiere di Siviglia et en mars il présente Wozzeck dans la mise en scène de Karel Jernek. A Florence au Mai Musical et à Edimbourg en septembre il propose Cenerentola dans la mise en scène de Ponnelle. Il dirige à Munich Simon Boccanegra de Verdi dans une mise en scène d’Otto Schenk, opéra avec lequel il ouvre la saison 1971-72 à la Scala, dans une mise en scène devenue mythique de Giorgio Strehler.

À partir de 1972 il devient premier chef invité du London Symphony Orchestra. En avril il dirige à la Scala Cenerentola de Rossini dans la mise en scène de Ponnelle et Aida de Verdi dans la mise en scène de Giorgio De Lullo, reprise en Septembre au Nationaltheater de Munich, à l’occasion des Olympiades, avec le Requiem de Verdi.

En 1972, il devient aussi principal chef invité du London Symphony Orchestra.
En mars et avril 1973, effectue avec les Wiener Philharmoniker une très grand tournée en Asie, au Japon, mais aussi en Chine et en Corée du Sud

En Mai 1973, il dirige Cenerentola au Theater an der Wien, après l’avoir présentée à la Scala en Avril.

Avec Maurizio Pollini et Luigi Nono, il fonde le cycle Musica/Realtà a Reggio Emilia

Il ouvre la saison 1973-1974 du théâtre milanais avec L’Italiana in Algeri de Rossini, toujours dans une mise en scène de Ponnelle, dans une nouvelle édition critique, et il reprend Simon Boccanegra le même mois.

En février 1974 il reprend à la Scala Cenerentola et en avril il propose Nozze di Figaro de Mozart dans la mise en scène de Otto Schenk; toujours en 1974, la Scala est accueillie à Moscou, où il dirige Cenerentola, Simon Boccanegra et le Requiem de Verdi. En décembre, après avoir offert l’inauguration à Karl Böhm avec Fidelio, il présente à la Scala L’Amour des Trois Oranges, de Prokofiev, dans une mise en scène de Giorgio Strehler.

En Janvier 1975, il dirige à Covent Garden Un ballo in maschera, mise en scène de Otto Schenk. En Avril, à la Scala, il présente Al gran sole carico d’amore de Nono dans une mise en scène de Youri Ljubimov avec un retentissement européen et il reprend L’Italienne à Alger.

Il ouvre ensuite la saison 1975-76 avec Macbeth de Verdi dans la mise en scène de Giorgio Strehler dans une production et une distribution (Verrett-Cappuccilli) destinée à devenir légendaire et en décembre toujours, reprend Cenerentola dans la mise en scène de Ponnelle.

En Janvier 1976, il dirige de nouveau à la Scala Simon Boccanegra, reproposé en mars à Londres, avec Cenerentola et le Requiem de Verdi au cours du premier échange avec Covent Garden depuis 25 ans.

En Septembre il est en tournée à Washington à l’occasion du bicentenaire de la déclaration d’indépendance américaine avec Simon Boccanegra, Macbeth, Messa di requiem et Cenerentola qu’il reprend aussi à la Scala..
– En avril 1977 il présente une nouvelle édition de Wozzeck, dans une mise en scène de Luca Ronconi, puis, pendant l’été, avec le London Symphony Orchestra, et dans une mise en scène de Piero Faggioni, il présente Carmen au festival d’Edimbourg avec Teresa Berganza et Placido Domingo.
Il ouvre la saison de la Scala en 1977-78 avec Don Carlo de Verdi, dans une version complète revue d’après la version originale française de 1867 pour le Bicentenaire de la Scala. À cette occasion sont entendues des parties de l’opéra inconnues du public dont le fameux chœur de l’acte IV consécutif à la mort de Posa, dont les musiques seront utilisées pour le Lacrimosa du Requiem; en décembre, toujours à la Scala, il dirige Un ballo in Maschera de Verdi dans la mise en scène de Zeffirelli.

Cette année-là, à la Scala, une ample place est donnée à Schubert pour le 150ème anniversaire de sa mort.

Il commence aussi à collaborer de manière stable avec le Chicago Symphony Orchestra (toujours chez DG).

En 1978, il fonde l’Orchestre des Jeunes de la Communauté Européenne (ECYO) , dirigé pour la première fois l’année précédente comme International Youth Orchestra, au Festival d’Aberdeen. En février 1978, il présente à la Scala un concert Symphonique avec les Wiener Philharmoniker (qui exécutent aussi Fidelio de Beethoven dirigés par Léonard Bernstein) et il reprend Al gran sole carico d’Amore de Nono; en août et septembre, il reprend Carmen à Edimbourg et en octobre il dirige à Paris Simon Boccanegra dans la mise en scène de Strehler, mais avec l’orchestre de l’Opéra qu’il se refusera de diriger par la suite.
C’est avec Simon Boccanegra qu’il ouvre la saison 1978-1979 toujours à l’occasion du Bicentenaire de la construction du théâtre milanais qui prévoit aussi la reprise de Don Carlo, en janvier 1979, et de Macbeth en avril.

En Mai 1979, il dirige à l’Opéra de Paris, avec le Requiem de Verdi, et des concerts dédiés à Berg, Wozzeck, dans la mise en scène de Luca Ronconi à l’occasion d’un Festival Berg qui culminera avec une grande exposition. Ce Festival, projeté dès juin 1975 par un accord de collaboration avec les deux théâtres propose un échange : pendant que Wozzeck est présenté à Paris, à la Scala, est présentée en mai-juin la Lulu dirigée pour la première fois dans l’édition Intégrale en trois actes par Pierre Boulez et dans la mise en scène de Patrice Chéreau, et Abbado reprend à Milan la production de Wozzeck entre mai et juillet.

De 1979 à 1988, il est directeur musical du London Symphony Orchestra et en tant que tel il affrontera des cycles Haydn, Mozart, Beethoven, Schubert, Brahms, outre à dédier en 1985 un Festival à « Mahler, Vienne et le XXème siècle ».

Il ouvre la saison 1979-80 de la Scala avec Boris Godunov de Moussorgski dans la version originale et une mise en scène de Youri Ljubimov et en avril 1980, il dirige Œdipus Rex, de Stravinsky, Erwartung de Schönberg et Le Mandarin Merveilleux de Bartók.

En octobre 1980 il effectue avec le LSO une grande tournée aux USA.

En 1981, naît à partir de l’ECYO le Chamber Orchestra of Europe, duquel il est resté « Artistic Adviser ». La même année il est principal chef invité du Chicago Symphony Orchestra jusqu’en 1985.

En janvier, il reprend Boris Godunov dans le cadre d’un Festival Moussorgski à la Scala, durant lequel, outre les musiques symphoniques et chorales, on exécute aussi Khovantchina dirigé par Rousslan Raytcheff; en mai, la Scala dédie un cycle à Bartók, en invitant l’Opéra de Budapest.

En juin, il exécute la Messa di Requiem de Verdi à Milan, à Santo Stefano, mais aussi en tournée à Dresde, Prague, Budapest, Sofia, Epidaure.
En Septembre -Octobre 1981, toujours avec l’orchestre de la Scala, il est en tournée à Tokyo avec Simon Boccanegra, Il barbiere di Siviglia, Messa di Requiem.

Il ouvre la saison 1981-82 de la Scala avec Lohengrin , son premier Wagner, mise en scène de Giorgio Strehler. En Avril 1982 il reprend Cenerentola; toujours à la Scala, en mai se tient un congrès sur Stravinski.

En 1982 il fonde l’Orchestra Filarmonica della Scala
sur le modèle du Philharmonique de Vienne et lors du premier concert il dirige la 3
ème symphonie de Mahler.
Il effectue alors de nombreuses tournées, dont avec le LSO une tournée en Angleterre et en Europe, puis même une tournée mondiale au Printemps 1983 avec le LSO.

En 1983, il travaille à Covent Garden avec Andrej Tarkovski à une nouvelle production de Boris Godunov. En avril il reprend Lohengrin et en décembre l’Italienne à Alger à la Scala.

En mars 1984, à l’Opéra de Vienne il propose Simon Boccanegra dans la mise en scène de Strehler, c’est la première fois qu’il y dirige un opéra.

La même saison, il présente en mai Wozzeck avec le Chicago Symphony Orchestra  en version semi-concertante et en novembre Boris Godunov.
En août, il présente au Rossini Opera Festival de Pesaro la première depuis la création (1825) de Il Viaggio a Reims dans une mise en scène de Luca Ronconi, un opéra aujourd’hui largement repris partout. En septembre, il dirige la première exécution de Prometeo de Luigi Nono à l’Eglise San Lorenzo, à Venise, à l’intérieur d’une grande structure en forme de navire conçue par Renzo Piano.

Il ouvre la saison 1984-85 à la Scala avec Carmen, dans une nouvelle édition critique avec Shirley Verrett dans une production de Piero Faggioni (adaptation de la mise en scène d’Edimbourg pour la Scala) et en décembre, il reprend le Barbier de Séville de Ponnelle.

En Mai 1985, il reprend Macbeth à la Scala avec Ghena Dimitrova et Piero Cappuccilli et en septembre il propose  Il Viaggio a Reims dans la production de Ronconi déjà présentée à Pesaro en 1984 : c’est un indescriptible triomphe, bis compris, ainsi que le Prometeo de Nono créé à Venise. La structure de Renzo Piano est construite au stabilimento Ansaldo, au cœur de Milan.
En octobre, il dirige de nouveau le Concerto pour piano de Schönberg avec Pollini, ainsi que des musiques de Berg, Ives, et Mahler au Barbican Center de Londres,dans le cadre du Festival « Mahler, Vienne et le XXème siècle » .

Il laisse l’ouverture de sa dernière saison scaligère à Lorin Maazel (Aida, mise en scène Luca Ronconi avec Luciano Pavarotti et Maria Chiara.
C’est en 1986 qu’il publie « La Casa dei Suoni » un livre pour enfants qui sera vite traduit dans de nombreuses langeus.
Il conclut ses années Scala par un Festival Debussy au ciours duquel sont proposées diverses œuvres dont Le Martyre de Saint Sébastien et un grand congrès. Il dirige notamment Pelléas et Mélisande, mise en scène d’Antoine Vitez et en juin un concert symphonique (Prélude à l’après-midi d’un faune, La demoiselle élue, Nocturnes, Ibéria) à l’issue duquel le public lui fait d’émouvants adieux.

86-91 : Les années viennoises


En Septembre 1986, il devient donc Directeur musical de la Staatsoper de Vienne (il y restera jusqu’en 1991) et fait équipe avec l’intendant Claus Helmut Drese. Comme à Milan, mais dans un contexte différent vu l’intense vie musicale viennoise et le rôle essentiel de l’Opéra, il va à la fois proposer des cycles et des projets culturels autour d’auteurs de compositeurs et de thématiques. Ces projets sont diversement accueillis par le public conservateur qui craint que le système de répertoire constitutif de l’Opéra de Vienne ne soit abandonné. C’est ainsi que sera créé Wien Modern, pour mieux asseoir la musique d’aujourd’hui dans une ville où le répertoire classique est la base de la musique au quotidien. Il va aussi importer de Milan des productions que son successeur à la Scala ne reprendra pas et va jouer entre plusieurs lieux viennois, dont le Theater an der Wien où il présentera des productions plus adaptées au lieu et à un « Festival » qu’il reprendra éventuellement ensuite à la Staatsoper. La création du Gustav Mahler Jugendorchester, la création de Wien Modern, et le Festival Andrej Tarkovski constituent les éléments essentiels du passage à Vienne, relativement bref à cause de la disparition prématurée de Claus Helmut Drese.

Dès 1986 il fonde le Gustav Mahler Jugendorchester (GMJO) sur le modèle de l’ECYO, mais en direction des jeunes de l’ex Empire Austro-hongrois, c’est à dire de jeunes appartenant alors encore au « bloc de l’Est ». Le recrutement du GMJO s’élargira vite à d’autres pays.

En octobre, il dirige à l’Opéra de Vienne Un ballo in maschera, mise en scène de Gianfranco De Bosio.

En janvier il effectue une grande tournée en Espagne avec le LSO au cours de laquelle il exécute la symphonie n°9 de Mahler. Cette tournée est suivie en mars par une autre tournée importante du Philharmonique de Vienne aux USA et au Japon, puis par la première tournée du GMJO

Plus tard dans l’année, il est nommé Directeur Général de la Musique à Vienne (GMD) et en juin, à l’Opéra, il dirige Wozzeck, mise en scène de Adolf Dresen, avec Hildegard Behrens dont seront publiés CD et Vidéo. C’est cette production ainsi que Simon Boccanegra (mise en scène de Giorgio Strehler rachetée à la Scala) qui sera présentée dans une tournée de la Wiener Staatsoper à Berlin.
Le 1
er janvier 1988, Claudio Abbado dirige pour la première fois le Concert du Nouvel An du Philharmonique de Vienne. C’est ensuite le tour du Viaggio a Reims de Rossini jamais présenté à Vienne, dans la production de Luca Ronconi de Pesaro et la Scala, dans une distribution étincelante.
Avec le Philharmonique de Vienne,
il exécute les neuf symphonies de Beethoven et tous les concertos pour piano avec Maurizio Pollini pour une importante tournée qui commence à Vienne en février pour se poursuivre à Paris, New York et seulement pour les Symphonies, à Tokyo.

En mai, il propose dans le cadre des Wiener Festwochen la première de Fierrabras de Schubert dans une mise en scène de Ruth Berghaus, avec la jeune Karita Mattila au Theater an der Wien et en juin il reprend le Festival Debussy présenté à la Scala deux ans auparavant dont la production d’Antoine Vitez de Pelléas et Mélisande.

Pour encourager l’exécution de la musique d’aujourd’hui, il fonde la même année Wien Modern, dans le cadre duquel sont exécutés des auteurs contemporains de Boulez à Nono, de Ligetì à Kurtág. Après la première année, aux manifestations musicales s’ajoutent des expositions et des représentations théâtrales, avec l’intervention des instituts culturels français, italien, allemand.

L’activité viennoise est particulièrement importante en 1989, en janvier à la Staatsoper Khovantchina, mise en scène de Alfred Kirchner, en juin Elektra dans la mise en scène de Harry Kupfer, en octobre, Don Carlo mis en scène par Pier Luigi Pizzi.

En octobre 1989, il est élu à la grande surprise des observateurs par les membres de l’Orchestre Philharmonique de Berlin (avec qui il avait débuté en 1966) chef principal et directeur artistique succédant ainsi à Furtwängler et Karajan.
In novembre 1989, la Staatsoper est en visite au Japon où elle présente entre autres Wozzeck et Il Viaggio a Reims.

A la Staatsoper de Vienne il présente en janvier 1990 Lohengrin, dans la  mise en scène locale de Wolfgang Weber, et en mai au Theater an der Wien le Don Giovanni de Mozart, mise en scène de Luc Bondy (déjà dirigé à Tel Aviv, en forme semi-concertante dans une mise en espace de Lorenzo Mariani). En juin reprise à la Staatsoper de Fierrabras, cette fois avec l’orchestre de la Staatsoper, mais toujours dans la mise en scène de Ruth Berghaus.
Le 1
er janvier 1991, Claudio Abbado dirige pour la seconde fois le concert du Nouvel An du Philharmonique de Vienne.
Le 1
er mai 1991, il dirige le premier Europa Konzert du Philharmonique de Berlin, qui commémore la fondation de l’orchestre et qui aura lieu à chaque fois dans une ville européenne différente. C’est Prague qui l’accueille en 1991.

En mai 1991 il dirige au Theater an der Wien, avec l’orchestre de la Staatsoper, Le Nozze di Figaro de Mozart dans une mise en scène de Jonathan Miller. Et en Juin il reprend à la Staatsoper Boris Godunov (dans la production londonienne de 1983), mise en scène de Tarkovski durant un Festival que Vienne dédie au grand metteur en scène. Dans ce cadre, où sont montées des expositions et des projections de films de Eisenstein à Tarkovski, il crée des pièces composées pour Tarkovski de Kurtág, Rihm, Nono, Furrer.

Après le dernier soir, il abandonne ses fonctions de directeur musical à Vienne : les relations avec la nouvelle équipe dirigeante (Eberhard Wächter et Ioan Holänder) n’étaient pas bonnes, la confiance ne régnait pas et les visions des uns et des autres étaient opposées. Abbado se consacrera essentiellement à Berlin.

1991-2002 : les années Berlin


Au moment où Claudio Abbado est élu à Berlin, sa situation est en train de basculer. Sa politique n’est pas toujours comprise à Vienne, la nouvelle équipe de direction n’est pas du tout prête à soutenir ses projets, il s’apprête à signer avec le Philharmonique de New York. C’est alors que Berlin l’appelle, à la grande surprise des observateurs, et à sa grande surprise également. L’orchestre de Berlin après le long règne d’Herbert von Karajan a besoin d’une autre politique et d’une autre vision. L’arrivée d’Abbado va représenter une changement radical, et dans la politique artistique et dans la manière de conduire les relations avec l’orchestre et les répétitions, qui n’est pas sans surprendre certains musiciens. Les onze ans passés à Berlin vont aussi donner à Abbado une autre stature dans le paysage musical et culturel européen, et vont laisser une trace profonde dans l’orchestre, éléments auxquels s’ajoutent la période politiquement essentielle de la réunification et de la reconquête par Berlin réunifiée de son statut de capitale.

Dès la saison 1991-92, à Berlin, il transforme la traditionnelle saison des concerts en en faisant le foyer d’une série d’initiatives qui, en suivant un fil conducteur annuel, impliquent théâtre, cinéma, danse, photographie, arts figuratifs, avec des commissions de nouvelles pièces à des compositeurs d’aujourd’hui. La première saison, le thème est lié à la figure de Prométhée, avec des musiques de Beethoven, Nono, Liszt, Scriabine.

En 1992 il fonde les Berliner Begegnungen avec Natalia Gutman, offrant aux jeunes les plus doués de jouer dans le cadre d’un festival avec des grands artistes comme Gutman elle-même ou Alfred Brendel.
En Février 1992, dans le cadre du bicentenaire de la naissance de Rossini, il dirige à Ferrare, avec la Chamber Orchestra of Europe, Il Viaggio a Reims, mise en scène de Luca Ronconi, en collaboration avec le Festival de Pesaro, où il le reprend pendant l’été.

Toujours en 1992, il présente à Berlin en version semi-scénique Il Viaggio a Reims et dirige à Covent Garden Pelléas et Mélisande en coproduction avec la Staatsoper de Vienne. C’est une reprise de la mise en scène de Vitez déjà présentée à la Scala en 1986 et à Vienne en 1988.

L’été 1992, il dirige De la maison des Morts de Janácek, mise en scène de K.M. Gruber au Festival de Salzbourg avec Nicolaï Ghiaurov (et Il Viaggio a Reims à Pesaro, cf supra).

Pendant la saison 1992-93, à Berlin, il inaugure le cycle Hölderlin avec des musiques de Brahms, Strauss, Reger, Rihm, Manzoni, Nono, Maderna, Holliger. En Février 1993, il exécute, dans le cadre du cycle Brahms avec le Philharmonique de Berlin, Pollini, Vengerov e Pergamenschikow, les quatre symphonies, les concertos pour piano, le concerto pour violon, le concerto pour violon et violoncelle, l’Ouverture Tragique, les Variations op.56 à la Salle Pleyel de Paris.

En Janvier 1994 il dirige à Ferrare Le Nozze di Figaro, mise en scène de Jonathan Miller.

À partir de la saison 93-94, il propose à Berlin la version « semi-stage » de l’opéra qui sera proposé à Pâques à Salzbourg. Il repropose en une version semi-scénique à Berlin (novembre 1993), puis au Festival de Pâques de Salzbourg Boris Godunov, cette fois dans la magnifique production de Herbert Wernicke.

Comme néo directeur artistique du Festival de Pâques de Salzbourg où se propduisent traditionnellement les Berliner Philharmoniker, dès 1994, il organise le cycle « Kontrapunkte » qui produit des exécutions d’auteurs contemporains et la remise d’un prix annuel (Prix Nonino) à un compositeur, écrivain, peintre de la dernière génération.
En 1994, le thème lié à la saison des concerts du Philharmonique de Berlin est Faust, avec des musiques de Mahler (il exécute la 8
ème symphonie de Mahler en février 1994) Busoni, Liszt, Schumann, Berlioz.

Il reçoit le Ernst von Siemens Musikpreis en mai 1994.

A partir de la saison 1994-95, la présentation en forme semi-scénique de l’opéra repris l’année suivante au festival de Pâques de Salzbourg sera le point de départ de chaque cycle thématique berlinois.
Avec l’Elektra de Strauss, reprise à Salzbourg dans une production de Lev Dodine, il inaugure le cycle berlinois sur les mythes et l’antiquité grecque, où sont présentées des œuvres de Brahms, Moussorgski, Berlioz, Stravinski, Monteverdi, Benda, Pergolesi, Purcell et à laquelle se relie aussi la création mondiale de Stele de Kurtág.

En Janvier 1995, il dirige à Ferrare Il barbiere di Siviglia dans la mise en scène de Stefano Vizioli avec le Chamber Orchestra of Europe. Et en mai l’orchestre Philharmonique de Berlin prend part au Festival Mahler d’Amsterdam.

En Novembre-décembre 1995, il inaugure le cycle Shakespeare à Berlin, avec Otello de Verdi, mise en scène de Ermanno Olmi, repris à Salzbourg à Pâques 1996. Pour le cycle Shakespeare, sont exécutées des œuvres de Berlioz, Mendelssohn, Strauss, Tchaikovski, Prokofiev.

En 1996, il reprend à Florence avec un immense succès l’Elektra de Strauss dans la mise en scène de Dodine. Cette production était initialement prévue à la Scala. Le refus de la direction d’assumer les coûts de l’accueil des berlinois provoque sa rupture définitive avec le théâtre qui vit ses premiers triomphes et avec Milan.
En automne1996 aussi, le portrait de Paul Smaczny : « Claudio Abbado, le silence qui suit la musique » passe à la télévision.

En novembre-décembre 1996 il inaugure le cycle Berg-Büchner avec Wozzeck, repris à Salzbourg à Pâques 1997 dans une mise en scène de Peter Stein. Pour ce cycle, outre de nombreuses œuvres de Berg, sont exécutées de nombreuses pièces commandées exprès à des auteurs d’aujourd’hui comme Rihm, Kurtág, Vacchi.
C’est la même année que naît, à partir de musiciens ayant appartenu au Gustav Mahler Jugendorchester, le Mahler Chamber Orchestra.
En Janvier 1997 il dirige avec le Chamber Orchestra of Europe, Don Giovanni de Mozart dans la mise en scène de Lorenzo Mariani. En mai il reprend l’Otello de Olmi au Teatro Regio de Turin et inaugure à la tête du Philharmonique de Berlin le Teatro Massimo de Palerme réouvert après 23 ans de fermeture.

Il publie en 1997 un livre bilan des premières années berlinoises : Claudio Abbado, Musica sopra Berlino, conversazione con Lidia Bramani (Musique sur Berlin, conversation avec Lidia Bramani)

Dans la saison 1997-98, il inaugure avec Fierrabras le cycle berlinois dédié au thème du « Wanderer », qui outre des œuvres nombreuses de Schubert, comprend aussi des musiques de Mahler, Strauss, Wagner, Liszt.

Le 13 février 1998, à la surprise générale, il annonce qu’il ne renouvellera pas son contrat à la tête du Philharmonique de Berlin et qu’il restera jusqu’à la fin de la saison 2001-2002.
Peu après, il dirige Falstaff dans une mise en scène de Jonathan Miller à la Staatsoper Unter den Linden avec les forces de la Staatskapelle Berlin, l’orchestre de Daniel Barenboim.

Il reprend en 1998 au Festival de Pâques de Salzbourg Boris Godunov dans la production de Herbert Wernicke.
En juillet il dirige Don Giovanni à Aix-en-Provence, dans la mise en scène de Peter Brook, à la tête du Mahler Chamber Orchestra, en alternance avec le jeune Daniel Harding à qui il laisse la première représentation.

Il commence le cycle « Liebe und Tod » dans la saison 1998-99 avec Tristan und Isolde de Wagner, reprise à Pâques 1999 dans une mise en scène de Klaus Michael Grüber, à Salzbourg. Durant le cycle sont présentées des œuvres de Berlioz, Schönberg, Strauss, Henze.

En mai 1999, il dirige à Ferrare Falstaff avec le Mahler Chamber Orchestra toujours dans la production de Jonathan Miller. Avec le Gustav Mahler Jugendorchester, il effectue une tournée durant l’été à Tanglewood, Caracas, La Havane, Santiago de Compostela, Edimbourg, Berlin, Munich, Bolzano, Trieste et pour l’occasion il organise une donation d’instruments de musique pour aider les jeunes musiciens de Cuba destinée à se développer ultérieurement à travers une collaboration constante avec Ferrara Musica.
C’est aussi le moment où se développe une polémique en Italie à partir de ses déclarations sur Cuba.

Pour le cycle italien « Amore-Morte » , qui oriente la saison 1999-2000 de Berlin, il présente en version semi-scénique Simon Boccanegra (repris à Salzbourg à Pâques 2000 dans une production de Peter Stein) et un concert dédié au Mythe d’Orphée.

Le 1er janvier 2000, il annonce qu’il ne dirigera pas au festival d’été de Salzbourg ni Tristan und Isolde, ni Cosi’ fan tutte (mise en scène Hans Neuenfels) suite à un conflit avec les Wiener Philharmoniker qu’il ne dirigera d’ailleurs plus jamais.

En Février 2000 il dirige Così fan Tutte de Mozart à Ferrare avec le Mahler Chamber Orchestra et dans la mise en scène de Mario Martone, et en mai 2000 porte les berlinois en tournée en Amérique du Sud.

Il doit interrompre son activité pendant trois mois suite à une opération chirurgicale urgente (on apprendra plus tard qu’il s’agit d’un cancer de l’estomac). Il reprend ses activités en octobre 2000 et effectue contre l’avis de ses médecins une tournée triomphale au Japon en portant à Tokyo Tristan et Isolde dans la mise en scène de Klaus Michael Grüber (Novembre-décembre 2000).

Il dirige à Berlin le 27 Janvier 2001 le Requiem de Verdi pour le centenaire de la mort du compositeur (un CD a été enregistré) puis effectue à Rome et à Vienne une tournée où il exécute avec les Berliner Philharmoniker l’intégrale des Symphonies de Beethoven et de ses concertos pour piano, le succès est historique, notamment à Vienne. Tout le reste est histoire…

Il dirige au Festival de Pâques de Salzbourg 2001 Falstaff de Verdi dans une mise en scène de Declan Donnellan et un concert phénoménal le 15 avril 2001 où il dirige sans doute sa plus extraordinaire Septième de Beethoven.

Pendant la saison 2001-2002, après une tournée émouvante aux USA frappés par la tragédie du 11 septembre, il inaugure le cycle « Le temps devient espace » centré autour de Parsifal de Richard Wagner, dont il exécute à Berlin une sublime version semi scénique (Novembre-décembre 2001), puis en février 2002, après un concert Mendelssohn-Beethoven, il dirige à Berlin les « Scènes du Faust de Goethe » de Schumann.

Au Festival de Pâques de Salzbourg 2002, il dirige Parsifal, dans une mise en scène de Peter Stein et clôt ainsi sa charge de Directeur Artistique du Festival.

Il laisse sa charge de directeur artistique des Berliner Philharmoniker à Berlin par un concert spécial : au programme Brahms Schicksalslied, Rückert-Lieder de Mahler avec Waltraud Meier, Musiques composée par Chostakovitch pour le film Lear, avec projection du film de Gregorij Kosinsew..

Il reçoit avant de quitter Berlin des mains du Président de la République Allemande la « Bundesverdienstkreuz mit Stern », la plus haute décoration allemande.
Il clôt l’activité avec les berlinois par une tournée en Italie et à Vienne avec au programme Symphonie n°7 de Mahler, en alternance avec Pelléas und Mélisande, de Schönberg et les Rückert-Lieder de Mahler avec Waltraud Meier. Mais pour l’EuropaKonzert du 1er mai 2002 au Teatro Massimo de Palerme, il présente le concerto pour violon de Brahms (soliste Gil Shaham) la symphonie n°9, « du nouveau Monde » de Dvorak, et un bis de circonstance, l’ouverture des Vêpres Siciliennes de Verdi.

Les deux derniers concerts de Vienne les 12 et 13 mai sont l’occasion d’une grande démonstration de la part du public et des musiciens : le 13 mai est l’occasion d’un des plus grands triomphes qu’ait connus la salle du Musikverein, 4000 fleurs lancées sur l’orchestre et une ovation de 30 minutes.

Il dirige les 25 et 28 mai à Paris le Chamber Orchestra of Europe, pour marquer le 20ème  anniversaire de sa fondation et en vue d’un enregistrement sorti au printemps 2003, dans un programme original consacré pour l’essentiel aux Lieder de Schubert orchestrés par d’autres compositeurs, avec en solistes Anne Sofie von Otter et Thomas Quasthoff.

Il participe ensuite au Mai Musical Florentin en dirigeant la production de Peter Stein de Simon Boccanegra, avec l’Orchestre du Mai Musical dans la fosse.

La saison 2001-2002 se termine par la tournée d’été du GMJO (Gustav Mahler Jugend Orchester), avec au programme Parsifal de Richard Wagner (au Festival d’Edimbourg dans la production de Peter Stein et à Lucerne en version de concert) et un concert Bartok, Debussy, Ravel.

2003 à 2013 : Les années Lucerne

Claudio Abbado arrive à un point de son parcours où il a été à la tête des institutions les plus prestigieuses du monde musical, Scala, Vienne, Berlin et il a dirigé les orchestres les plus importants du monde. Son ambition ne peut être liée désormais à des postes prestigieux qu’il a assumés les uns après les autres. À 70 ans, il n’a plus envie des obligations liées à des missions officielles de directeur musical ou artistique. Parmi les raisons qui l’ont poussé à quitter Berlin il y a bien sûr cette obligation à programmer, à se soumettre en ce poste exposé à la tyrannie des médias, ou même être l’objet de critiques voire de cabales : un article du Spiegel révélant des tensions à l’intérieur de l’orchestre de Berlin l’avait beaucoup marqué.
Ce désir de liberté lié au désir de faire de la musique non avec des orchestres imposés mais choisis, avec des solistes et des chefs de pupitre avec qui il a l’habitude ou l’envie de travailler, mais aussi la vision nouvelle de la vie que sa récente maladie lui a imposé, font que la fondation du Lucerne Festival Orchestra répond exactement à ces aspirations : un orchestre fait de musiciens connus, liés à lui par l’habitude de travail et l’amitié, qui répond ou prévient ses intentions, un orchestre où la joie de faire de la musique est première, voilà ce qu’on va découvrir dès la première saison. Ces dix prochaines années, les dernières d’une extraordinaire carrière, vont être dictées par le désir et le plaisir de la musique, et l’affirmation fondamentale qu’il n’y a pas de politique sans politique culturelle et sans présence de l’art dans la cité. Il s’installe à Bologne, une ville traditionnellement à gauche où il va fonder un orchestre, l’Orchestre Mozart, fait de jeunes musiciens guidés par des chefs de pupitres issus du Lucerne Festival Orchestra, tout en continuant à rester fidèle au Mahler Chamber Orchestra qu’il dirige régulièrement, avec le GMJO avec lequel il fera encore quelques tournées et bien sûr avec le Philharmonique de Berlin avec qui il donnera chaque printemps un concert annuel très attendu à Berlin.. C’est la planète Abbado des dix dernières années, autour de laquelle tournent des musiciens familiers, et qui fait de Lucerne le point de référence annuel et de Bologne le centre des activités. Une exception quand même, l’enthousiasme que lui procure l’aventure vénézuélienne de l’orchestre Simon Bolivar et du « Sistema », son intérêt pour le travail avec les jeunes va l’amener à travailler aussi bien à Caracas qu’à Cuba, et bien des hivers seront sud-américains. Avec Lucerne comme climax, l’année abbadienne sera structurée de manière simple, jusqu’à ce que la fatigue et la maladie l’amènent à renoncer à certaines de ses activités : l’hiver en Amérique du Sud, le printemps avec le MCO, l’orchestre Mozart et Berlin, l’été à Lucerne, l’automne partagé entre la tournée du LFO et des concerts avec l’orchestre Mozart.

Après l’Italie, l’Autriche, l’Allemagne, Claudio Abbado trouve en Suisse le foyer de ses activités, la Suisse où il reposera pour l’éternité, dans ce Val de Fex où il passait de longues semaines depuis de nombreuses années.

Après quelques mois de repos, il offre au public italien durant le mois de février deux concerts à Ferrare (Berlioz, Tristia et Chostakovitch Le Roi Lear avec projection du film de Kosintsev et le second, Kindertotenlieder et Rückert-Lieder de Mahler avec Anna Larsson, Symphonie n°7 de Beethoven) et un concert à Reggio Emilia avec le Mahler Chamber Orchestra (Kindertotenlieder et Rückert-Lieder de Mahler avec Anna Larsson, Symphonie n°7 de Beethoven)

Il reçoit au Printemps le « Premium Imperiale » de l’Empereur du Japon, l’un des prix les plus prestigieux au Monde récompensant des artistes et créateurs du Monde entier. Et au mois de juin il fête son 70ème anniversaire, qui est l’occasion de très nombreux articles dans la presse internationale

Il ouvre le Festival de Lucerne le 14 août 2003 avec le dernier orchestre qu’il a fondé, le Lucerne Festival Orchestra, formé de solistes internationaux ayant adhéré à son projet (Sabine Meyer et son ensemble, Natalia Gutman, le quatuor Hagen, Emmanuel Pahud, Rainer Kussmaul, Kolja Blacher etc…) et des musiciens de la Mahler Chamber Orchestra au cours d’un concert de Gala dédié à Wagner et Debussy, puis dirige un concert de musique de chambre (intégrale des brandebourgeois de Bach) et la Symphonie n°2 de Mahler, immense succès dont se fait écho une presse rarement aussi enthousiaste. Pour tous les journalistes présents, la fondation de cet orchestre marque une nouvelle période pour le monde de la musique classique.

En Septembre, première diffusion sur Arte de „Die Stille hören“, portrait de Paul Smaczny qui par la suite récoltera plusieurs prix.
Puis en octobre, concert à Ferrara avec le MCO et Kolja Blacher (Berg, Stravinsky, Beethoven) repris à Potenza (sans le Stravinsky) où il devient  Docteur honoris causa de l’Université de la Basilicata. À cette occasion il annonce la création d’un Festival Gesualdo en Basilicata.

Il fait le voyage de Tokyo pour recevoir le Premium Imperiale des mains de l’Empereur du Japon.

En Décembre, il va à Cuba où il devient Docteur honoris causa de l’Université de La Havane) et il donne concert avec un orchestre de jeunes local en signe de remerciement.

En février 2004:
Un
Grammy Award récompense Thomas Quasthoff pour l’enregistrement des Lieder de Schubert en version orchestrale (avec Anne-Sofie von Otter, le Chamber Orchestra of Europe et Claudio Abbado).
Il repropose
Cosi fan tutte dans la mise en scène de Mario Martone à Ferrara, Modena et Reggio Emilia avec le MCO et une distribution jeune.

Il donne aussi un concert mémorable à Ferrara comprenant entre autres le 3e concerto pour piano de Beethoven avec Martha Argerich et le MCO dont sera publié un enregistrement.

Il enregistre aussi « Sempre Libera » avec la toute jeune Anna Netrebko et le MCO à Reggio, qui aura un incroyable succès et dans lequel on peut l’entendre diriger Puccini (O mio babbino caro de Gianni Schicchi).

En avril:
il effectue une
tournée avec le GMJO à Bolzano, Budapest, Bratislava, St. Petersburg, Reggio Emilia, Trieste et Rome. Au programme la 9e de Mahler et (dans quelques villes) l’ Abschied du Chant de la Terre avec Anna Larsson.

Il fait son retour triomphal à Berlin en juin pour diriger le rare Frank Martin, Sechs Monologe aus Jedermann (Thomas Quasthoff) et Mahler, Symphonie N° 6 avec les Berliner Philharmoniker.
À  cette occasion, l’
Ernst-Reuter-Plakette lui est remise par le maire de Berlin.

En août, c’est à Lucerne la deuxième saison encore triomphale du LFO avec R. Strauss, Wagner, Beethoven, Mahler et un concert avec le MCO (Hindemith, Beethoven).

Septembre voit un concert avec le MCO à Bologne (Mozart avec Murray Perahia et Beethoven) et en octobre toujours avec le MCO à Ferrara (Ives, Prokofiev, Mendelssohn-Bartholdy).

Il anime à ce moment une grande campagne pour qu’ Arte soit recevable gratuitement en Italie qui se conclut positivement.

Il fonde alors l’Orchestre Mozart à Bologne, pour commémorer en 2006 le 250e anniversaire de la naissance de Mozart.
Les premiers concerts sont triomphaux.

Il reçoit le Prix Kythera, donné par Gabriele Henkel.

En décembre 2004/Janvier 2005 il développe une activité intense en Amérique du Sud. D’abord, il effectue une tournée avec le MCO pour des concerts (Beethoven) au Venezuela et à Cuba (La Havane).
Il forme à Caracas le Latin-American Youth Orchestra et donne des premiers concerts au Venezuela et à La Havane, où Claudio Abbado reçoit le Cuban National Cultural Award. Il suscite une polémique en Italie à cause de son engagement pour Cuba.
En février 2005, le Midem Classic Awards décerne à Claudio Abbado son Lifetime Achievement Award (« Prix pour l’accomplissement d’une vie »)  à la même période il reçoit le prix du Président de la République Italienne.
En avril 2005 il dirige à Ferrare et Reggio Emilia pour la première fois Die Zauberflöte (La Flûte enchantée) de Mozart dans une mise en scène de son fils Daniele et avec le MCO dans la fosse. En mai, la production est accueillie à Baden-Baden.
Il retourne pour la seconde fois à Berlin en mai où le programme (Berg, Sieben frühe Lieder avec Renée Fleming et Mahler Symphonie n°4) est accueilli triomphalement.
En juin, il dirige plusieurs concerts en Italie avec l’Orchestra Mozart et est nommé « chef de l’année » par le jury de l’Echo-Klassik Preis pour son enregistrement DG de la 2
ème symphonie de Mahler et de La Mer de Debussy avec le LFO.
En août le succès est de nouveau immense à Lucerne avec Beethoven, Bruckner (7
ème symphonie), Mahler (également 7ème symphonie), mais aussi Prometeo-Suite de Luigi Nono.

En octobre a lieu la
première tournée à l’étranger du LFO: 4 concerts à l’Auditorium Parco della Musica à Rome avec approximativement le programme de Lucerne. Le dernier soir le LFO exécute Nono, Schumann et Mahler (7ème symphonie)!

En novembre il dirige désormais traditionnellement des
concerts avec l’Orchestre Mozart en Italie.

En janvier
2006
il est de nouveau au Venezuela pour des concerts avec l’Orchestre National des Jeunes du Venezuela Simon Bolivar à Caracas (Beethoven 9e symphonie etc.).

En avril, il donne des  concerts avec le MCO à Ferrara et Reggio Emilia et effectue la tournée de Pâques du GMJO à travers l’Europe (Bolzano, Munich, Madrid, Vienne, Paris, Turin) avec un programme magnifique: Schönberg « Pelléas et Mélisande » et la 4e symphonie de Mahler).

Mai voit des concerts avec l’Orchestre Mozart en Italie et son retour à Berlin est marqué par des représentations du Manfred de Schumann.

C’est désormais traditionnel aussi, il passe le mois de juin à des concerts avec l’Orchestre Mozart en Italie.

Immense succès à Lucerne au mois d’août avec cette fois-ci la 6ème  symphonie de Mahler et la 4ème de Bruckner, entre autres, suivi par la reprise en fin d’été à Edimbourg de la production de la Flûte Enchantée mise en scène par Daniele Abbado.

Il retourne en septembre en Italie pour des
concerts en Italie avec l’Orchestre Mozart ainsi qu’avec l’Orchestre l’Orchestre National des Jeunes du Venezuela Simon Bolivar à Palerme et à Rome, en laissant la seconde partie du concert (Mahler) au jeune Gustavo Dudamel.

En octobre, tournée à Tokyo (Suntory Hall) du LFO avec le programme de Lucerne. Immense succès, puis il prend part à Vienne à un concert en mémoire de Thomas Kakuska (alto du Alban Berg Quartett).

En novembre il dirige des
concerts avec l’Orchestre Mozart en Italie. Et le 7 décembre

Il dirige un concert du Mahler Chamber Orchestra à Ludwigshafen (BASF).
Abbado reçoit le très prestigieux prix de la revue Gramophone « Record of the Year » et le Echo Klassik Preis pour le même enregistrement de la 6
ème symphonie de Mahler avec les Berliner Philharmoniker (DG).

Fin décembre 2006 et début janvier 2007, il prépare et dirige un concert à Séville avec l’Orchestre National des Jeunes du Venezuela Simon Bolivar (un merveilleux programme Tchaïkovski) puis donne en février des concerts à Caracas avec ce même orchestre et le Mahler Chamber Orchestra (MCO).
En mars, à Ferrare et Reggio Emilia il donne des concerts avec le MCO et Kolja Blacher (violon) comme soliste ainsi que Martha Argerich à Ferrare pour fêter quarante ans de travail en commun, tandis qu’en avril il effectue une petite tournée avec l’Orchestre Mozart en Italie où il exécute les Concertos brandebourgeois de Bach.

En mai, il retourne à Berlin (Berliner Philharmoniker) avec un programme réunissant des concertos pour violon de Bach et de Weill (soliste: Kolja Blacher) ainsi que la 3e symphonie de Brahms. Il donne le mois suivant des concerts en Italie avec l’Orchestre Mozart

Le rendez-vous de Lucerne en août est un indescriptible triomphe il dirige le Lucerne Festival Orchestra avec la 9e symphonie de Beethoven et surtout une 3e symphonie de Mahler d’anthologie qu’il repropose trois jours après la fin des concerts de Lucerne à Londres dans le cadre des Proms.

En septembre, pour raisons de santé, il annule tous les concerts pour les deux mois suivants, dont la tournée à New York à la tête du Lucerne Festival Orchestra, qui a été maintenue, avec les chefs David Robertson (9e symphonie de Beethoven) et Pierre Boulez (mémorable 3e symphonie de Mahler).

Claudio Abbado reprend en novembre son activité avec des Concerts Pergolesi à Bologna avec l’Orchestra Mozart

 

L’année 2008 commence en avril par la Première (le 6.4.) à Reggio Emilia de Fidelio, mis en scène par le cinéaste allemand Chris Kraus, avec le Mahler Chamber Orchestra et l’Arnold Schönberg-Chor entre autres, repris à Madrid au Teatro Real où il dirige en alternance avec le jeune Eivind Güllberg-Jensen et où il donne en plus un concert avec le Mahler Chamber Orchestra. La jeune Anja Kampe chante Leonora. Ces représentations se poursuivent en mai au Festspielhaus de Baden-Baden.

Fin mai: les trois concerts prévus avec l’Orchestre Philharmonique de Berlin  avec au programme le concerto n°4 pour piano et orchestre de Beethoven (soliste: Maurizio Pollini) et le Te Deum de Berlioz doivent être annulés à cause d’un incendie dans le toit de la Philharmonie le 20 mai. Les trois concerts sont substitués par un concert (même programme) donné le 24 mai en plein air à la Waldbühne, en présence de 20000 spectateurs réunis en trois jours !

 

En juin, il dirige deux concerts à Bologna avec l’ Orchestra Mozart (Pergolesi et Mozart) et un à Bolzano (Mozart).

 

Les concerts d’août à Lucerne avec le Lucerne Festival Orchestra ont à leur programme cette fois-ci des œuvres de compositeurs français (Berlioz, Symphonie Fantastique) et russes (Stravinski, l’Oiseau de feu, et Rachmaninov, concerto pour piano n°2 avec Hélène Grimaud, Tchaïkovski, La Tempête). La symphonie fantastique est l’objet d’un triomphe immense, sera enregistrée mais jamais publiée.

 

La tournée du Lucerne Festival Orchestra, cette année le porte à Vienne au Musikverein, avec un programme légèrement modifié.

 

En novembre, un grand événement est organisé à Bologne, un concert avec l’Orchestra Mozart, l’Orchestra Giovanile Luigi Cherubini et l’Orchestra Giovanile Italiana et de nombreux chœurs au PalaDozza de Bologna pour attirer l’attention sur le manque d’éducation musicale dans les écoles italiennes. Au programme Pierre et le Loup de Prokofiev avec Roberto Benigni comme récitant et le Te Deum de Berlioz .

L’année se clôt sur des reprises de Fidelio à Ferrara et Modena. Et des concerts avec le MCO à Reggio Emilia et Parma.

2009

 

2009 s’ouvre sur le traditionnel séjour sud-américain et des concerts en janvier à Caracas avec le Simon Bolivar Youth Orchestra et Rachel Harnisch en soliste (Mozart, Beethoven, Mahler) et en février avec Hélène Grimaud en soliste (entre autres).

De retour en Europe en mars Abbado dirige des concerts de l’Orchestre Mozart à Bologne et Naples.

Claudio Abbado devient citoyen honoraire de la ville de Bologne.

En avril ont lieu des concerts à Ferrara, Reggio Emilia, Turin et Bolzano (1.5.) avec le Mahler Chamber Orchestra. Les premiers avec Nina Stemme dans Richard Strauss, les derniers avec le Requiem de Mozart au programme.

Mai:

Pour son retour annuel à Berlin, il propose un programme Schubert, Mahler (soliste : Angelika Kirchschlager) et pour la première fois avec les Berliner Philharmoniker La Mer  de Debussy.

En juin il est à Jesi (programme Pergolèse), Bologne, Florence et L’Aquila (Schubert, Mozart) avec l’Orchestre Mozart.

En août, les concerts avec le Lucerne Festival Orchestra ont au programme cette année Prokofiev (3ème concerto pour piano avec Yuja Wang) et surtout un important programme Mahler (1ère & 4e symphonies avec pour soliste Magdalena Kožena).

La tournée d’automne avec le Lucerne Festival Orchestra, le porte cette fois-ci à Beijing. Quatre concerts triomphaux dans le nouveau National Center of Performing Arts.

Enfin, à Bolzano (31.10.) et à Bologne il donne des concerts réunissant l’Orchestre Mozart et le Haydn-Orchester de Bolzano pour un programme Berg et Bruckner.

L’année se termine à Bologne et à Cagliari avec l’Orchestre Mozart et un programme Haydn, Mozart, et Mendelssohn.

Claudio Abbado passe de nouveau l’hiver en Amérique du Sud, plus spécialement au Venezuela. Il y dirige en février deux concerts de l’Orchestre Nationale des Jeunes du Venezuela Simon Bolivar.

En mars il amène cet orchestre à Lucerne, au Festival de Pâques. L’orchestre y donne trois concerts. Il y dirige la Suite Scythe de Prokofiev, la Lulu Suite et la Pathétique de Tchaïkovski (extraordinaire interprétation) les autres concerts sont dirigés par Gustavo Dudamel et Diego Matheuz.

Fin mars c’est avec l’Orchestre Mozart qu’il donne des concerts à Rome puis à Bologna.

A la mi-avril Claudio Abbado est à Ferrara et à Reggio Emilia, cette fois avec le Mahler Chamber Orchestra et Yuja Wang en soliste.

En mai pour son retour à Berlin,  Le programme se compose de divers compositeurs, mais on remarque surtout la cantate Rinaldo de Brahms, si rarement jouée et dans laquelle Jonas Kaufmann brille en soliste.

Peu après Claudio Abbado doit entrer à l’hôpital et se voit contraint d’annuler son retour si attendu à la Scala de Milan (début juin dans la 2ème symphonie de Mahler) qui est reporté. Un concert à Paris est aussi annulé, ainsi que les concerts de l’orchestre Mozart.

Il reprend ses activités et dirige à Lucerne avec le Lucerne Festival Orchestra une version semi-concertante de Fidelio mise en espace par la jeune Tatjana Gürbarca avec entre autres Nina Stemme et Jonas Kaufmann, qui est enregistrée.

Au programme de ce festival 2010, la 9e symphonie de Mahler, une pièce de référence de Claudio Abbado comme nulle autre.

En septembre il se produit avec l’Orchestre Mozart et des œuvres de Bach à Bologne (San Stefano et Auditorium Manzoni), Modena, l’Abbaye de Morimondo et Jesi

La tournée annuelle du Lucerne Festival Orchestra conduit cette année à Madrid et à Paris avec au programme la 9e symphonie de Mahler.

L’année se conclut avec des concerts de l’Orchestre Mozart à Bologne et Ferrare avec des œuvres de Schumann et de nouveau à Bologne avec entre autres le concerto pour violon de Beethoven avec Isabelle Faust en soliste.

Les concerts commencent tard cette année car c’est seulement en avril que Claudio Abbado qui a dû renoncer à partir en Amérique du Sud, reprend ses activités avec des concerts du Mahler Chamber Orchestra et de l’Orchestre Mozart réunis (pour la première fois) à Ferrare, Bologne, Reggio Emilia et Rome, où Martha Argerich joue le concerto de Ravel.

En mai à Berlin, il propose deux programmes, le premier pour trois soirées avec la participation (entre autres) de Maurizio Pollini, et l’autre pour une soirée seulement à l’occasion du 100e anniversaire de la mort de Mahler le 18 mai 1911. Le 18 mai 2011 très précisément Claudio Abbado dirige l’Adagio de la 10e symphonie et Das Lied von der Erde  avec l’Orchestre Philharmonique de Berlin et les solistes Anne Sofie von Otter et Jonas Kaufmann. Triomphe qui est enregistré par la Digital Concert Hall, mais qui n’a pas fait l’objet d’un DVD, contrairement à ce qui avait été prévu.

En juin Claudio Abbado dirige l’Orchestre Mozart à Bologne, Ravenne et Brescia. Avec des solistes de cet orchestre il va en Espagne pour recevoir le prix “Don Juan de Borbòn de la Musica”.
Toujours en juin et toujours avec l’Orchestre Mozart il donne un concert pour l’inauguration du Teatro Farnese de Parme après sa rénovation.

Les concerts en août à Lucerne avec le Lucerne Festival Orchestra sont dédiés cette année surtout à Brahms (Concerto pour piano n°1 avec Radu Lupu), Wagner, Mozart et Bruckner (Symphonie n°5).

Septembre nous offre des concerts magnifiques avec l’Orchestre Mozart à Bologne et à Bolzano avec notamment la symphonie dite “La Grande” de Schubert (en ut majeur), puis à Vienne. L’orchestre se produit pour la première fois dans la Goldener Saal du Musikverein. Il en naîtra un projet de résidence annuelle.

Le mois d’octobre est chargé car la tournée du Lucerne Festival Orchestra amène à Baden-Baden, Paris et Londres et puis l’orchestre Mozart va à Francfort.
Pour son interprétation de la symphonie no. 5 de Bruckner à Londres Claudio Abbado recevra le prix du meilleur concert de l’année, discerné par la prestigieuse Royal Philharmonic Society.

Un mois plus tard sont programmés deux concerts dans le cadre du projet “Cinema Russo” de l’Orchestre Mozart. À Rome et à Bologne le film King Lear (d’après Shakespeare) de Gregori Kosintsev figure au programme avec la musique de Chostakovitch.

Encore un mois plus tard, deux jours avant Noel, pour clore une année particulièrement riche, Claudio Abbado inaugure le nouveau Théâtre du Maggio Musicale Fiorentino dans un concert dont le programme comprend le Schicksalslied de Brahms et la 9ème symphonie de Mahler avec un effectif composé de l’Orchestre del Maggio Musicale Fiorentino et des musiciens de l’Orchestre Mozart.

L’année 2012 a commencé avec divers concerts d’abord du Mahler Chamber Orchestra, puis de l’Orchestre Mozart. C’est avec ce dernier qu’il ouvre le Festival de Pâques de Lucerne.

Le programme du mois de mai à Berlin comprend des compositions de Berg (Concerto « à la mémoire d’un ange » avec Isabelle Faust ) et Schumann (Symphonie n°2).
En juin il dirige l’Orchestre Mozart à Bologne pour deux messes de Mozart et de Schubert.

À la fin du mois Juillet un concert supplémentaire à Salzbourg figure au programme: l’Orchestre Mozart joue les deux messes de Schubert et de Mozart (répétant ainsi le programme donné à Bologne). C’est un triomphe.

Lucerne cet été-là offre un programme Beethoven (Concerto n°3 pour pinao avec Radu Lupu), Bruckner (Symphonie n°1) et Mozart (Requiem).
Le Requiem de Mozart se substitue à la symphonie n°8 de Mahler qui était prévue et objet d’une vive attente du public. Mais Abbado y a renoncé quelques mois auparavant pour des raisons artistiques qui frustrent une grande partie du public.
L’interprétation du Requiem est anthologique.

Le Lucerne Festival Orchestra a voyagé avec un programme similaire en septembre à Vienne, Moscou, Hambourg et Ferrare (un concert au bénéfice du théâtre fragilisé par un tremblement de terre).

En octobre de la nouvelle salle de concert à L’Aquila a été ouverte avec un concert donné par l’Orchestre Mozart

Enfin, le 30 octobre 2012 a lieu le retour tant attendu de Claudio Abbado à la Scala de Milan, un événement que la ville espérait depuis très longtemps après quasiment 20 ans d’absence.
Les forces combinées de l’orchestre de la Scala et de membres de l’Orchestre Mozart ont joué 1er concerto pour piano de Chopin (soliste: Daniel Barenboim) et la 6ème symphonie de Mahler. Ce fut une soirée où l’émotion de tous fut très profonde et très ressentie.

L’Orchestre Mozart se rend de nouveau à Vienne au Musikverein en novembre et en décembre part en tournée avec un programme Bach à Francfort, Baden-Baden Munich, Gênes et Palerme.

En Mars 2013, plusieurs concerts à l’agenda  de l’Orchestre Mozart, dont la visite habituelle désormais au Festival de Pâques de Lucerne suivie d’une petite tournée à Saragosse, Madrid et Budapest, et en Avril par les derniers concerts avec le Mahler Chamber Orchestra.

En mai c’est le dernier retour à Berlin avec un programme d’extraits du Songe d’une nuit d’été de Mendelssohn et (pour la première fois avec cet orchestre!) la Symphonie fantastique de Berlioz dans une interprétation d‘une telle intensité qu’elle est l’objet d’un des plus grands triomphes que le chef ait connu à la Philharmonie.

Les derniers concerts avec l’Orchestre Mozart à Bologne ont été suivis par le dernier concert à Paris le 11 juin 2013 salle Pleyel (Beethoven, les Créatures de Prométhée, ouverture, Mozart, concerto pour piano n°27, avec Radu Lupu, Haydn, concerto pour trompette avec Reinhold Friedrich, et la symphonie classique de Prokofiev, extraordinaire).

Le 26/06/2013 Claudio Abbado a célébré son 80ème  anniversaire – accompagné des vœux du monde entier.

En août il retourne à Lucerne où cette année, s’accumulaient les motifs de célébrations : 75 ans du Lucerne Festival, 80ème  anniversaire de Claudio Abbado et 10ème  anniversaire du Lucerne Festival Orchestra. Comme d’habitude, il y avait deux programmes: l’un avec Brahms (Ouverture tragique), Schönberg (Lied der Waldtaube, Gurrelieder avec Mihoko Fujimura, sublime), Beethoven (Symphonie n°3 Eroica), l’autre avec deux symphonies inachevées Schubert (symphonie n°7) et Bruckner (symphonie n°9).

Le 26/08/2013 Claudio Abbado épuisé dirige son Lucerne Festival Orchestra dans le programme composé des deux symphonies inachevées celle de Schubert et celle de Bruckner. Ce sera son dernier concert …

Il a été fait sénateur à vie par le président italien 30/08/2013.

Au cours de l’automne, tous les concerts prévus ont été annulés les uns après l’autre. La santé de Claudio Abbado se détériore peu à peu et sa vie va lentement vers sa fin.

Claudio Abbado décède le 20/01/2014 à Bologne.
Ses cendres sont déposées dans le petit cimetière de Sils Maria, dans le Val de Fex (Fextal) en Engadine.